Theon Greyjoy

« My blood is still salt and iron. »

(c) Neph pour GOT RPG seulement

Histoire

« You're Reek. Remember your name. Remember who you are. »

C’était il y a longtemps, vingt-trois ans pour être exact, que Theon a vu le jour, à Pyk. Il était alors le quatrième et dernier enfant de la famille régnant sur les Îles de Fer, les Greyjoy. En tant que quatrième enfant et troisième fils, ce n’était pas lui qui était destiné à hériter des Îles mais le destin en aura voulu autrement. Lorsque, huit ans avant qu’il ne change d’environnement, son père avait pris la décision de se rebeller contre le pouvoir en place, ses deux frères aînés se sont fait tuer sur le champ de bataille ne laissant plus que Yara, sa soeur, et lui, héritier des Îles de Fer, un statut qui lui plaisait mais dont il n’aimait pas les circonstances de son obtention. Néanmoins, il n’aura pas réellement eu le temps d’en profiter étant donné qu’il a été envoyé chez à Winterfell, officiellement comme pupille d’Eddad Stark, officieusement otage afin que son père ne lance pas une nouvelle rébellion.
Au final, Theon aura passé plus de temps à grandir à Winterfell qu’à Pyk. Ainsi, le jeune homme aura eu tendance à considérer le chef de famille Stark comme son père de remplacement, trouvant en son fils aîné, Robb Stark, un meilleur ami et compagnon d’armes idéal. Theon n’a jamais été vraiment très malheureux de sa situation chez les Stark, reconnaissant d’être aussi bien trait que les autres même s’il avait bien conscience qu’il était loin de pleinement faire partie de la maison à l’emblème de loup.
De par son amitié envers Robb Stark, c’est auprès de lui que Theon a prêté serment alors que la Guerre des Cinq Rois se préparait, lui offrant sa loyauté qui, pourtant, n’aura pas fait très long feu. Robb l’avait envoyé rallier les forces des Îles de Fer pour les joindre aux siennes et c’est en espérant naïvement y trouver des alliés de poids et de choix que Theon s’y est rendu pour se voir être reçu comme un malpropre. Lui qui n’avait même pas reconnu sa propre soeur avait été blessé par les mots de son père lui assurant qu’il n’avait plus rien d’un Fer-né, qu’il n’était rien d’autre que le misérable laquais des Stark. Il aurait pu repartir et expliquer la situation à son roi et ami. Il aurait pu essayer d’emmener des troupes de force. Mais il s’agissait de Theon. Theon qui manquait de confiance en lui-même. Theon qui détestait passer pour un couard, un enfant naïf. Sa fierté l’aura perdu, ses insécurités plus encore. Alors, désireux de faire ses preuves, il mène des troupes jusque Winterfell pour prendre celle-ci, méprisant le serment prêté auprès de Robb. Méprisant le temps passé dans la forteresse nordienne. Mais ses propres hommes ne le respectent pas et lui le prend pour un affront qu’il ne peut pas supporter. Alors il a commis l’irréparable, comme tout homme impulsif qu’il était. Il a brûlé Bran et Rickon Stark. Du moins officiellement. Officieusement, ce n’est pas exactement ça. Mais le voilà qui a fait face à un choix. Abandonner Winterfell et rentrer sur les Îles de Fer ou fuir direction le Mur et rejoindre la Garde de Nuit. Theon a refusé ces deux propositions et a donc vu Winterfell se faire assiéger par Roose Bolton. Lui qui pensait être sauvé par un jeune homme s’appelant Schlingue, Theon est tombé la tête la première dans le piège du bâtard Bolton.
Douleur.
Voilà ce à quoi il se réduisait. Douleur et oubli de soi, perte de la réalité, il aurait aimé perdre conscience de ce qui l’entourait, oublier qu’il savait très bien où il se trouvait. Mais c’était la seule chose qu’il n’avait pas pu oublier. Écorché, l’autre l’avait écorché. Pire, émasculé. Il avait perdu ce qui faisait de lui un homme. À présent il n’était plus rien. Avait-il vraiment été quelque chose avant ? Ses certitudes n’étaient plus. Il allait finir par mourir ici, tel le chien qu’il était. Il allait mourir ici et personne ne viendrait le sauver, à quoi bon de voiler la face ? Il n’avait plus d’importance pour qui que ce soit, son père le lui avait bien fait comprendre, il avait trahi les Stark, sa soeur était loin. Non. Personne ne viendrait. Il était condamné.
Il n’était plus Theon, cet homme n’existait plus. Il n’était même pas l’ombre de lui-même, il n’était rien, n’avait plus rien à voir avec celui qu’il était avant. Parce qu’à présent, tout son être ne se résumait plus qu’à sa souffrance et à sa résignation. Il était fait comme un rat et aussi misérable qu’un vulgaire chien.
Il n’était plus Theon.
Il était Schlingue.
Il était Schlingue et Schlingue était un chien et, en tant que tel, se devait de dormir parmi ses semblables et d’être traité comme ses semblables. Il était Schlingue, il n’était plus humain. Ne l’avait jamais été. Et parce qu’il n’était qu’un chien, lorsque Yara a voulu le sauver, accompagnée de ses hommes, lui, est resté. Parce qu’il n’était qu’un chien apeuré craignant la terrible colère de son maître. Alors il est resté. Lui qui auparavant avait prié pour être sauvé et sorti de cet enfer, il était resté. Parce que tous les mauvais traitements étaient préférables au courroux de Ramsay Bolton. Et puis elle l’avait appelé Theon. Or, il n’était plus Theon. Il était Schlingue. Schlingue le chien. Schlingue l’esclave.
Plus rien ne le retenait à l’homme qu’il avait été.
Pourtant c’est revenu. Un peu. Pas totalement. La honte. La conscience de soi. La douleur. Encore et encore. Parce qu’elle est venue et parce qu’elle l’a vu. Parce que Sansa était à Winterfell et que ses pas l’ont menée au chenil. Il se souvient encore de la honte qu’il a ressentie ce jour-là, une honte brûlante et dévastatrice qui, durant un bref instant, lui aura rappelé ses méfaits. Bran et Rickon. Il ne les avait pas tués. Mais c’était ce qu’elle, ce que tout le monde pensait. Elle lui en voulait, elle le haïssait sûrement, il l’avait compris, il n’était pas idiot. Il avait dû s’excuser, la regarder les yeux dans les yeux et lui rappeler les atrocités qu’il avait prétendument commises. La faire souffrir. Encore. Pour rien.
Savoir qu’elle venait pour épouser celui qui était son maître l’avait troublé mais qui était-i pour protester, personne ? Alors il l’avait menée face à son fiancé désormais mari. Elle n’avait pas voulu lui tenir le bras, elle se fichait bien du fait qu’il allait être puni, lui qui l’avait presque imploré du regard de coopérer. Ce regard qu’il aura dû, plus tard, poser sur une scène qu’il ne pourra jamais oublier.
C’est peut-être cette nuit-là qu’il est brièvement redevenu Theon. Peut-être que c’est en étant dégoûté de la sorte et stimulé par la menace qu’aura été Myranda pour la vie de son amie d’enfance que l’homme est revenu. Myranda est morte maintenant, son corps désarticulé dans la neige de Winterfell. Theon ne regrette pas. Ne l’a jamais regretté. Et puis ils ont sauté, Sansa et lui. Infime lueur d’espoir, grain de folie.
Comme s’il pensait que les choses pouvaient changer.
Comme si le salut était proche.

(c) Neph pour GOT RPG seulement